Region PACA Antique
La Provincia de l'Empire Romain s'étendait au delà des limites actuelles de la Provence puisque dénommée Gaule Transalpine puis Narbonnaise, elle incorporait en outre la côte languedocienne et le territoire des Allobroges avec la la cité de Vienna (Vienne). D'ailleurs longtemps la capitale en a été Narbo Martius (Narbonne).
Massalia appelle les Romains à son aide à plusieurs reprises à partir du début du IIe siècle avant J-C : en 181 avant J-C, contre les pirates Ligures, en 154 contre deux peuplades Celto-ligures, les Déciates et Oxybiens, qui assiégent les comptoirs d'Antipolis (Antibes) et de Nikaia (Nice). Le but est d'aider les Massaliotes, mais aussi de sécuriser la liaison entre l'péninsule Hispanique et l'Italie, devenue stratégique pour Rome. Le Consul Opimius intervient et vainc ces tribus.
En 125 avant J-C, celles-ci cherchent à nouveau à reprendre la côte aux Grecs. Massalia fait de nouveau appel aux Romains, En 124, le Sénat Romain envoie le consul M. Fulvius Flaccus contre les Celto-ligures, les Voconces et les Salyens, cette-fois les Romains ne vont plus repartir.
Le Consul Sextius Calvinus s'empare d'Entremont, la capitale des Salyens, et la détruit. En remplacement, en 122 avant J-C, il établit un poste militaire au pied de cet oppidum. Il devient une colonie romaine dénommée Aquae Sextiae qui va devenir Aix en Provence. La Provincia (qui est appelée Gaule Transalpine puis Narbonnaise) est établie à partir de 120 av J-C. C'est du terme Provincia que vient le nom de la Provence.
La guerre se poursuit contre les Allobroges qui ont accueilli les chefs Salyens vaincus. En 121, le Consul Domitius Ahenobarbus bat les Allobroges à Vindalium (au nord-est d'Avignon) et peu après, le consul Q. Fabius Maximus, arrivé en renfort écrase une coalition d'Allobroges et d'Arvernes au confluent de l'Isère et du Rhône.
A partir de là, Domitius Ahenobarbus se rend maitre des territoires entre le Rhône et les Pyrénées. Il fait construire une liaison terrestre commode et sûre entre la péninsule Hispanique et l'Italie : la Via Domitia. L'emprise romaine s'affirme avec la fondation, en 118 avant J-C, d'une colonie à Narbo Martius (Narbonne).
A ce moment, Rome contrôle les débouchés des deux grands axes Gaulois entre l'Europe du nord et la Méditerranée : le couloir rhodanien et la route de l'étain (issu de (Grande-)Bretagne) par l'Isthme gaulois (Aude, Garonne, Gironde) et l'Atlantique. Domitius Ahenobarbus conclut un traité d'alliance avec les Volques Tectosages et une garnison romaine s'installe à Tolosa (Toulouse).
Autour de 100 avant J-C, le Consul Marius vainc les envahisseurs Teutons prés d'Aquae Sextiae. Cette victoire parachève la conquête de la région par Rome qui y étend son influence.
Les territoires conquis restent longtemps de simples districts militaires, le premier Gouverneur connu est Fonteius en 70 avant J-C. C'est sans doute une Lex Provinciae de Pompée qui unifie la province de Gaule Transalpine, des Pyrénées aux Alpes. Les Romains doivent mater de nombreuses révoltes pour pacifier cette nouvelle province.
Jules César est nommé Proconsul de la Narbonnaise en 58 avant J-C, il trouve une province calme, qui reste loyale pendant les huit années de son proconsulat en Gaule.
A partir de cette Province il entreprend et mène à bien la conquête des Gaules dans les années 50 avant J-C. De nombreux nobles de la province de Gaule Transalpine ont servi dans les armées de César, ils en sont remerciés par l'octroi de la citoyenneté. Jules César crée également un certain nombre de colonies, pour installer des vétérans en Gaule Transalpine et aussi accentuer sa romanisation.
Lors de la Guerre Civile entre Pompée et César, Massalia choisit le camp de Pompée. Une fois César vainqueur, en 49 avant J-C, l'influence Massalia se trouve amoindrie.
L'organisation administrative
Lors de la réorganisation de 27 avant J-C, La Gaule Transalpine est renommée la Narbonnaise. Elle devient une Province Sénatoriale placée sous l'autorité d'un Gouverneur, Proconsul pris parmi les sénateurs de rang prétorien. En résidence à Narbo Martius, il est secondé par un Légat et par un Questeur qui s'occupe des questions financières.
Les fonctions du Gouverneur sont étendues. Détenteur de l'imperium, il rend la justice au nom de l'empereur, il traite en première instance de toutes les causes capitales (sauf celles concernant les citoyens romains) et juge en appel les autres affaires, d'abord soumises aux magistrats des cités.
Le Gouverneur supervise les travaux publics et aucune construction importante ne se fait sans son accord ou celui de l'Empereur. Il contrôle l'activité civique et financière des cités et le fonctionnement régulier des institutions locales. En pratique ses pouvoirs sont limités par la vaste dimension de la province et par la légèreté de l'appareil administratif à la tête duquel il est placé. Il n'y a aucun relais au niveau local, les services et les bureaux sont concentrés dans la capitale provinciale et seules les tournées permettent au Gouverneur de se rendre compte des situations locales.
L'autre personnage important de la province est le Procurateur impérial qui est indépendant du Gouverneur. Il est responsable de l'assiette du tribut et de sa rentrée dans les caisses du fisc. Ce tribut est un impôt de répartition pesant essentiellement sur la terre. La perception elle-même est assurée par les communautés locales. L'établissement du cens, qui est la base fiscale, relève d'un niveau supérieur au Procurateur, il est confié à des légats spéciaux (legati ad census ou censitores).
En pratique, l'administration locale des communautés repose sur les notables. Ce sont donc les élites indigènes qui font le relais entre le pouvoir central et la masse de la population, l'intégration des élites est donc pour le pouvoir romain une nécessité vitale.
La Pax Romana
Pendant plus de deux siècles la Paix Romaine (Pax Romana) favorise l'assimilation de la Province au monde Romain. La Narbonnaise devient une province sénatoriale, c'est à dire qu'elle n'a plus de légion sur son sol. Les villes se développent avec la construction d'édifices urbains: Théatres (Arelate, Marseille, Forum Julii, ...) , Thermes (Cimiez, Vaison, ...), Amphithéatres (Arelate (Arles), Nemausus (Nimes)) ou utilitaires (Pont du Gard, ...).
La Provence était une importante région de communication et d'échanges de l'Empire Romain. Elle était dotée de plusieurs voies romaines comme les Via Aurélia, Domitia, Aquitania, Agrippa.
La Via Domitia a été réalisée par le Consul Domitius Ahenobarbus autour de 118 avant J-C, elle permettait de joindre l'Espagne à l'Italie. Elle rentrait en Narbonnaise à partir du col du Perthus, rejoignait Narbo Martius (Narbonne), la capitale de la Provincia, Nemausus et Arelate où elle franchissait le Rhône et rejoignait la Via Aurelia qui par Forum Julii et Cimiez atteignait l'Italie.
La Provence possèdait aussi des voies navigables (en particulier le Rhône) qui aboutissaient à la mer Méditerranée par Massalia, Arelate, Narbo Martius, ... Tous ces ports permettaient d'assurer le ravitaillement de Rome et de commercer dans l'espace méditerranéen.
Arelate éclipse Massalia et devient le point central de la tutelle Romaine. Le Préfet des Gaules finit par s'y installer quand la ville de Trèves est abandonnée devant l'avancée des Germains.
La Romanisation de la Narbonnaise
Au début, la Romanisation se traduit d'abord par une occupation étrangère et par des confiscations de terre. Autour de Narbo Martius (Narbonne), ce sont des citoyens romains qui sont lotis comme colons par Rome. Dans l'ensemble de la province, des Romains et des Italiens s'installent, achètent ou accaparent des terres, ils introduisent les méthodes de culture en pratique en Italie.Le soutien de Rome est acquis pour les aristocraties locales qui peuvent renforcer leur domination sociale et avoir la perspective d'accéder à la citoyenneté romaine.
Les fondations romaines existent mais sont peu nombreuses : Aquae Sextiae (Aix en Provence), Narbo Martius (Narbonne), Lugdunum Convenarum (Saint Bertrand de Comminges), Forum Domitii, Forum Voconii. Des Romains résident dans des agglomérations d'origine indigène, en particulier dans des sites d'emporium (place de marché)Au total, la romanisation de la province de Gaule Transalpine est progressive et elle reste superficielle jusqu'au milieu du Ier siècle avant J-C, lorsque Jules César en devient proconsul.
César amplifie la création de colonies en mettant en place un délégué chargé d'installer des colonies, Tiberius Claudius Nero, le père du futur empereur Tibère. Ces fondations coloniales ont pour rôle de contrôler un point stratégique, de faire des déductions, c'est-à-dire d'installer des citoyens romains (surtout des vétérans qui sont nombreux à l'époque des guerres civiles), sur des terres généralement confisquées.
Une fondation coloniale est la mise en place d'un pôle solide de romanisation. Les déductions sont souvent, mais pas toujours des créations ex-nihilo. Certaines agglomérations ont reçu le titre de colonie romaine sans déduction, ce sont alors des colonies honoraires comme, par exemple, Vienne et Valence.
Tiberius Claudius Nero procéde entre 46 et 40 à plusieurs déductions dont à coup sûr Arelate (Arles) et Narbo Martius (Narbonne) (déjà colonie mais qui reçut une seconde déduction) et Béziers. A Octave (futur Auguste) revient la création, avec déduction, d'Arausio (Orange) et de Forum Julii (Fréjus). Ce dernier site avait probablement été créé par César au début de la guerre des Gaules, sous le nom de Forum Julii, pour servir d'étape sur la Via Domitia.D'autres fora de ce genre, comme Carpentras et Lodève, sont connus et semblent aussi dater de l'époque césarienne, mais elles n'ont pas reçu le titre colonial.
Les Oppida d'avant la conquête ont des destins diversifiés. Certains disparaissent, comme Entremont. La plupart subsistent jusqu'aux premières années de notre ère, ainsi Enserune et Nages. D'autres survivent plus longtemps : Le Cayla de Mailhac (Aude) jusqu'à la fin du Ier siècle, Laudun (Gard) jusqu'au début du IIe siècle, Vié Cioutat (arrondissement d'Alès) devient une agglomération romaine très prospère.Parfois la nouvelle ville romaine se juxtapose à l'ancienne ville gauloise, comme la colonie de Narbo Martius (Narbonne), dont la déduction ne met pas fin à l'existence de Montlaurès. Parfois une ville romaine se superpose à l'oppidum : tel est le cas de Béziers lors de la fondation de la colonie en 36-35 avant J-C.
La Romanisation est manifeste au vu des inscriptions qui montrent la latinisation de l'onomastique. En outre, les auxiliaires gaulois de l'armée romaine, à la fin de leur service, reviennent dans leur pays avec un pécule et constituent autant d'agents de romanisation. Cependant, l'influence méditerranéenne ne s'étend pas toujours très loin dans l'intérieur des terres.Par la suite, un certain nombre de communautés de la Narbonnaise reçoivent le droit latin, un statut inférieur au droit romain mais qui apporte cependant d'importants privilèges juridiques. Parmi celles-ci on citera les noms de Tolosa (Toulouse), Nîmes, Avignon, Forum Voconii, Aquae Sextiae (Aix en Provence), Glanum (Saint Rémy de Provence), Carcassonne, Apt, etc. Il n'y a pas pour ces villes de création ou de déduction mais plutôt une promotion de centres préexistants, en reconnaissance, peut-être, de leur loyalisme pendant la conquête de la Gaule Chevelue.
L'Empire Romain en crise
En effet à partir de 250 aprés J-C la Gaule et la Provincia entrent dans une période difficile avec les invasions barbares de 276 et les guerres civiles. L'Empire subit une grave crise qui se traduit, en particulier créées par la sécession de la partie occidentale avec la création de l'Empire Gaulois. L'Empire est cependant réunifié à la fin du IIIème siècle par Dioclétien.
En 413, l'Empereur Honorius autorise les Wisigoths à s'installer dans le Sud-Ouest de la Gaule, ils prennent Arelate et l'estuaire du Rhône.
Un peu avant 450, les Burgondes quittent les montagnes Suisses et descendent vers la Provence. Finalement quand l'Empire Romain d'Occident disparait la Durance devient la frontière entre les Burgondes (installés au nord du fleuve) et les Wisigoths qui ont investi la partie sud de la Provence.
Arelate (Arles)
Le comptoir Grec et l'apport Ligure
L'origine d'Arles est ancienne, vers le VIème siècle avant J-C, une petite agglomération Ligure est déjà nommée Arelate (la ville prés des marais). Elle est transformée en comptoir commercial par des Grecs, sans doute originaires de Massalia, au Vème siècle avant J-C et portait alors le nom de Théline.
Ce comptoir (emporion) a une activité économique intense, les échanges se font avec Massalia mais aussi avec le reste du monde Méditerranéen.
Au IVème siècle, la ville accueille à nouveau de nombreux Ligures qui se mélangent avec les Grecs, l'artisanat s'amplifie et des ateliers navals ont été identifiés. Le rôle portuaire, débouché du Rhône sur la Méditerranée prend toute son importance. La ville reprend le nom d'Arelate.
La conquête Romaine
En 102 avant J-C, en attendant de combattre les Cimbres et les Teutons, le Consul Marius fait creuser par ses Légions un canal (les fosses Mariennes) reliant la ville et le Rhône à la mer Méditerranée (golfe de Fos). A cette époque, Arelate est plus proche de la mer qu'aujourd'hui et les grands navires peuvent y accéder facilement. Mais c'est Massalia qui perçoit les péages du canal, Arelate reste en dépendance économique.
La Colonie Romaine
En 49 avant J-C, la cité soutient César contre Pompée et réalise trés rapidement les navires (des trirèmes à éperon) dont il a besoin pour le siège de Marseille.La ville est récompensée, les vétérans de la VIème Légion viennent s'y installer en 46 av J-C et elle devient une Colonie Romaine. Une bonne partie du territoire marseillais lui est attribuée. Son développement est alors rapide d'autant qu'elle est un noeud de communication important. Le pont sur le Rhône permet d'assurer le trafic entre l'Espagne et l'Italie, c'est là que la Via Domitia et la Via Aurelia se rencontrent.
La Via Agrippa permet la desserte de la Gaule du Nord par voie terrestre et le Rhône par voie fluviale. Arelate devient un centre commercial et d'échanges prospère. De nombreux édifices sont construits à l'époque d'Auguste: forum, théatre, amphithéatre, thermes, et même une vaste nécropole le long de la Via Aurelia: les Alyscamps.
Arelate devient une ville administrative et militaire importante, elle est protégée par une enceinte fortifiée percée de quatre portes, une sur chaque côté. Elle est organisée selon une structure typiquement romaine: les rues se croisent à angle droit et forment un damier, beaucoup sont dotées de dalles qui recouvrent des égouts. On perçoit toujours ce parcellaire régulier dans la ville ancienne: le decumanus (axe est-ouest) correspond à peu prés à l'actuelle rue de la Calade et le Cardo (axe nord-sud) est l'actuelle rue de l'Hotel de Ville.
Plan du centre d'Arles
De la fin du Ier siècle au milieu du IIIème siècle
A partir du règne de l'Empereur Vespasien (69 - 79), Arelate connaît une grande prospérité qui la fait déborder des murailles élevées un siècle plus tôtLe quartier de Trinquetaille accueille de riches villas, au nord, le long de la rive droite du Rhône. Des quais et des entrepôts sont construits. Sur la rive gauche, un nouveau quartier est restructuré autour de l'amphithéâtre et à l'ouest est réalisé un cirque important (450 mètres de longueur), le centre ville lui-même n'est pas en reste.
Les troubles de la fin du IIIème siècle
Des tribus Barbares font des incursions destructrices dans toute la Gaule à partir du milieu du IIIème siècle. Elles sont aggravées par des guerres civiles qui opposent des prétendants à l'Empire. Arelate, comme bien d'autres cités, est durement frappée. Sa prospérité est atteinte et des portions de la ville sont abandonnées.
Les IVème et Vème siècles
La période la plus glorieuse d'Arelate commence au début du IVème siècle aprés J-C, l'Empereur Constantin y fait plusieurs séjours, il y tient un Concile en 314. Des administrations impériales s'installent dans la ville comme l'atelier monétaire d'Ostie en 313.
Ce succés est amplifié quand Trêves (à la frontière de la Germanie) devient trop vulnérable aux incursions des Germains. Au début du Vème siècle, Arelate devient la Préfecture des Gaules (Gaules, Espagne et (Grande-)Bretagne) aprés la décision des Empereurs d'Occident de quitter Trêves et de fixer leur résidence à Arelate.En 418, le Préfet du Prétoire, un dignitaire important de l'Empire, vient également s'y fixer . Bien que la période soit difficile, tout ceci contribue à accroitre l'activité et la prospérité de la ville, certains textes et édits de l'Empereur Honorius (384-423) en portent témoignage
L'évêché chrétien d'Arles apparait dès le IIIème siècle (l'évêque Marcianus est cité en 254). La position de la ville au début du Vème siècle incite l'évêque Patrocle (412-426) à revendiquer son autonomie par rapport à son évêque métropolitain installé à Vienne. Ses successeurs font de même et finissent par obtenir l'autorité sur le territoire de l'ancienne Narbonnaise. De grands évêques comme Honorat et Hilaire occupent le siège d'Arles. Vers 450, ce territoire est partagé entre Arles et Vienne. Un autre grand évêque officicie à Arles: Césaire.
Les Invasions Barbares de la fin du Vème siècleLa ville subit durement les conséquences des invasions barbares du Vème siècle et celles de la chute de l'Empire Romain d'Occident en 476.A partir de 480, Arles passe sous le contrôle des Wisigoths puis est successivement soumise aux Burgondes, Ostrogoths et enfin, en 536, aux Francs. La ville se resserre autour de son noyau, les grands monuments com
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