Fait divers
- Par frederique Roustant
- Le 20/04/2023
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Aujourd'hui 27 Juillet
Ce du 20 Avril 1879 un fait divers a sans aucun doute intéréssé les premieres pages des journaux .
Le crime de Montreuil
Voici ce que publiait le Petit journal
Jeudi matin, vers onze heures, M. S..., boucher ambulant, entrait dans la boutiqûe. d'un marchand de vin, lesieur P...,rue de la Deaune,
à Montreuil, pour apporter saprovision de viande ;ne voyant pas-la femme P..., il alla à l'arrière-boutique.Là, ilaperçut lecadavre ensanglanté de là femme P... La tête était presque détachée du cou. Aux cris du boucher, les voisins accoururent. M.Tardif, commissaire de police, et la gendarmerie,prévenus, arrivèrent bientôt.Le marchand de vin, menuisier de son état,travaille à Fontenay. Il était parti, selon son ha
bitude; on l'a cherché en toute hâte.L'enquête fut aussitôt commencée; un médecin constata huit blessures : cinq sur la poitrine, trois
au cou, paraissant avoir été faites à l'aide d'un couteau pointu bien effilé et retourné dansles plaies.Le parquet de Paris fut informé, dans lasoirée:'
Vers neuf heures, M. Macé, chef de la sûreté, arriva avec plusieurs de ses agents, et continua l'enquête avec M. Tardif pendant la nuit.
Hier matin, MM. Bresselles, juge d'instruction ;Dulac, commissaire aux délégations, Deleins,médecin légiste, et le chef de la sûreté se rendirent de nouveau à Montreuil.
• •Des voisins du marchand de vin avaient remarqué avant-hier matin, , à dix heures, deuxindividus, l'un âgé de vingt ans, vêtu d'un veston marron en velours, coiffé d'une casquette desoie, blond, imberbe, l'autre brun, de légèresmoustaches, vêtu d'une blouse bleue, coiflé d'une casquette, entrant dans la boutique deM. P...Au hout de dix minutes, ils ressortirent et retournèrent du côté de Paris. Tous deux étaientvenus mercredi à la même heure.Ces deux individus sont, à n'en pas douter, les assassins; car c'est quelques minutes après leurdépart que le boucher a, découvert le crime.Un panier, que la femme P .. avait apporté chez elle le matin même, a été trouvé dans l'arrière-boutique; il.contenait quatre litres d'eau-de-vie que la femme P... venait d'acheter à Montreuil. Unepairede lunettes bleues, qui avaient fait surnommer la femme P... la femme aux lunettes, ont- été trouvées brisées et pendant' le long du visage.Le docteur Deleins a constaté que la victime,assez forte, avait dû se défendre vigoureusement.Cependant aucun bruit, aucun cri n'ont été'entendus par les voisins, et le chien, assez* farouche,n'a pas aboyé un instant.Le tiroir au comptoir était-ouvert, et l'on avait enlevé 5 ou 6 fr. et une montre de femme en or qui s'y trouvaient ; on a laissé une paire de boucles d'oseilles en or enveloppées dans du papier.
Les assassins sont montés au premier étage.' Ils ont ouvert et boulevérsé les meubles, mais sans y trouver un vieux porte -monnaie rouillé renfermant 175 fr. en billets et en numéraire.Ils ont pris sur la cheminée un revolver chargéde six coups petit calibre.Un verre de vin à moitié vide a été trouvé surune table à l'entrée de la boutique et un verre de kirsch à moitié vide faisant face.
Ces deux verres avaient été servis aux assassinspar la femme P... qui reçut un premier coup decouteau à la première table, d'où une, traînée de sang allait à l'arrière-boutique.Les assassins étaient au courant des habitudesde la maison ; ils savaient qu'à partir de onze heures, quelques plâtriers et des porcelainiers venaient y manger ou boire.
Mathilde, qui, jusqu'à ce jour, n'avait eu de culte que pour les hommes bruns, regrettait de s'être montrée si exclusive et admirait son sauveur en toute sincérité.Remis de son émoi, le petit-vicomte causait avec M. de Meillant, comme s'il voulait permettre à sa compagne de compléter son
etude. -Il paraissait s'apercevoir que cet examen était favorable au jeune créole, et malgré sa qualité de soupirant, la cour qu'il faisait à la marquise de Ribas, un sourire sedessinait sur ses lèvres fines.Mathilde, cependant, venait de se lever, et s'adressant à Robert :
— Monsieur, lui dit-elle, on doit être inquiet de ne pas me voir revenir et je suis,obligée de vous quitter... Mais je vous annonce la prochaine visite de mon mari... Ilvoudra certainement vous remercier lui-même du grand service que vous m'avezrendu... Quant à moi, j'espère vous revoir
bientôt et vous témoigner de nouveau toute
ma reconnaissance... Je demeure à l'hôtelFrascati, et je m'appelle la marquise de Ribas.M. de Meillant s'inclina silencieusement et conduisit Mathilde jusqn'à la porte de l'hôtel où se trouvait une voiture fermée qu'on venait de faire demander.
Le petit vicomte, avant d'y monter à son tour, serra chaleureusement la main de
Robert et.s'écria :
—.Vous m'avez sauvé, monsieur,
Le corps da la victime a été transporté à. la Morgue. /Une foule: considérable ne cesse de stationner autour de la maison gardée par le mari.
M. P.. ./un très brave homme, a donné aux magistrats quelques renseignements précieux au sujet d'une femme qui connaissait dans le pays
des individus suspects répondant au signalement des deux assassins.Cette femme a dû étte retrouvée, hier soir, du côté de la barrière du-Trône. ' •
De nombreux "agents parcourent les environs. D'après certains indices, recueillis hier soir pai M. Dulac, on se trouverait sur les traces de ca
misérables. A demain de nomveaûx détails.
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