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Les animaux au Moyen âge

 

 

Les animaux sont omniprésents dans la décoration des manuscrits du Moyen Âge. Cette présence va bien au-delà des seuls textes qui mettent en scène le monde animal : Bibles, Physiologus, Bestiaires, encyclopédies, recueils de fables, roman de Renart

 

L’alphabet des animaux
Comme les chapiteaux des églises romanes, les miniatures de très nombreux manuscrits du XIIe siècle montrent un décor foisonnant où se mêlent motifs végétaux, ornements géométriques, formes humaines et animaux réels ou fantastiques. Les grandes lettres zoomorphes, caractéristiques de l’enluminure romane, s’inspirent parfois de motifs antiques. Les représentations, qui s’émancipent souvent du cadre strict de la lettre, témoignent de l’inventivité sans limite des enlumineurs.

Les animaux dans les marges
A partir du XIIIe siècle, l’illustration des manuscrits gothiques tend à être plus figurative. Tout en conservant une forte charge symbolique, les animaux sont représentés de manière plus réaliste. Ils peuplent souvent les marges, dans d’innombrables chasses au cerf ou au lapin, et dans des tableaux qui, tantôt commentent le texte, tantôt illustrent un "monde à l’envers" ou des thèmes amusants proches du folklore.

Les manuscrits voient se multiplier les figures marginales qui donnent du texte une interprétation satirique, irrévérencieuse, parfois sexuelle ou scatologique, en jouant souvent sur le sens des mots.

Dans cet univers des marges, où transparaît souvent une forme de culture populaire, les animaux sont très présents. Les singes-évêques et autres lapins-chevaliers ont sans doute une fonction satirique. De même, on doit souvent interpréter dans un sens symbolique les scènes de chasse ou de travaux des champs, les poursuites entre animaux, les oiseaux, les singes, les chiens et les lapins : le cerf peut ainsi faire écho à la figure du Christ, les animaux à fourrure comme l’écureuil ou le lapin (conil en ancien français) dans son terrier représentent les organes sexuels féminins.

La marge des manuscrits peut aussi mettre en scène un "monde à l’envers" où des lapins poursuivent des chiens. Les animaux peuvent enfin jouer une mascarade des passions humaines : guerres, combats, séduction…

Faut-il voir dans ce monde animal des marges l’expression d’une contestation subversive de la société médiévale ? Sans doute pas, car les manuscrits étaient destinés à des nobles, des évêques, de riches bourgeois. Ils expriment plutôt la grande liberté et le goût de la parodie des élites du Moyen Âge.

Les livres d’heures du XVe siècle transforment les marges en véritables cadres placés en avant de la miniature, qui se peuplent de spécimens de la nature : ours, singes, lions, mais aussi papillons, mouches et abeilles en trompe-l’œil… La satire s’efface alors derrière l’illusion. Puis, avec l’imprimerie, l’animal disparaît des marges du livre.

Isidore de Séville (vers 570-636) a transmis, dans sa grande Encyclopédie intitulée les Etymologies, les informations qu’il a tirées des Histoires naturelles du naturaliste romain Pline (23-79).
Ce sont les Etymologies qui constitueront pendant tout le début du Moyen Âge la base des connaissances scientifiques sur les animaux. On y retrouve les acquis scientifiques de l’Antiquité, mais aussi de nombreuses lacunes et erreurs qui seront recopiées d’œuvre en œuvre.

La première zoologue du Moyen Âge est sans doute la savante abbesse Hildegarde de Bingen (1098-1179), dont quatre livres de la Physique sont consacrés aux animaux – et notamment à ceux qu’elle a observés elle-même en Allemagne occidentale. Plus tard, les grandes encyclopédies du XIIe et du XIIIe siècle cherchent à compiler de manière "scientifique" les données fournies par les bestiaires, tout en les dégageant des commentaires moraux ou religieux et de leurs aspects les plus fabuleux, et en les enrichissant par les connaissances acquises lors des voyages en Orient ou grâce à la redécouverte d’Aristote.


  

L’œuvre du franciscain Barthélémy l’Anglais, en latin ou dans ses traductions en langues vulgaires (vers 1240), celle de Thomas de Cantimpré (1240), le très célèbre Livre du trésor en français du Florentin Brunetto Latini, l’Image du Monde de Gossuin de Metz (1246), le Miroir historial de Vincent de Beauvais (écrit en latin avant 1250, mais très vite traduit en français par Jean de Vignay) comportent ainsi de larges chapitres consacrés à la description des bêtes, tout particulièrement à celles des contrées lointaines.

Le classement est organisé par grands ordres, en commençant par les quadrupèdes. A l’intérieur de chaque ensemble, les animaux sont classés par ordre alphabétique, de "asinus" âne à "Zibo", le zébu.

Ces grands cycles illustrés apparaissent en même temps que les traductions françaises des Bestiaires, lorsque le livre passe du domaine des clercs à celui des princes. L’illustration fait alors partie de la pédagogie.
   

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